dimanche 26 décembre 2010

Les enfants de manipulateurs - Notre vision d'Antigone 1

Les enfants de manipulateurs deviennent t'ils des manipulateurs ?
Notre vision d'Antigone 1.


Antigone, petite fille de 6 ans.
A un jeune âge, la manipulation relationnelle sert principalement à se rassurer, à contrôler son "petit monde" dans l'espoir de s'y sentir plus à l'aise.

Cependant, avoir un enfant manipulateur relationnel est très éprouvant pour des adultes et difficile à vivre pour les membres d'une famille.
De plus, même se confier au psychologue de cet enfant est délicat... certains psychologues seraient outrés que vous osiez traiter votre propre enfant de manipulateur ! Il faut avoir la chance de tomber sur quelqu'un d'ouvert.

Dans le même ordre d'idées, lorsqu'on voit dans son enfant les méthodes de manipulation de son ex-conjoint, on pense facilement que l'on manque d'objectivité et le processus de culpabilisation se met en place. (ce processus de culpabilisation dont sont si friand les manipulateurs justement). Car forcement, il n'est pas admit par la société qui nous entoure de penser cela de son enfant. Comment osez vous dire que votre enfant de 6 ans est manipulateur ?

Chez Antigone, nous avons l'impression de retrouver énormément de caractéristiques du manipulateur relationnel.

D'un caractère dominant, d'une intelligence aiguisée, et ayant des aptitudes relationnelles particulières (le feeling). Elle évalue l'impact de ses essais en quelques secondes, elle perçoit le mal que ses paroles ou ses gestes font aux adultes, elle rebondit et à moins d'être dans la seconde aussi perspicace qu'elle, l'adulte ne peut pas réfléchir et apporter une réponse adéquate.
Elle arrive même à anticiper nos réactions pour justifier ses actes en utilisant les valeurs familiales contre les éducateurs.
Je dirais même que régulièrement, elle se prend pour une adulte qui peut diriger les autres enfants, même plus âgés qu'elle, donner des ordres, ou encore carrément retourner des situations avec les adultes directement.
Le dernier exemple en date étant de dire : "Comment ça vous ne vous souvenez pas que je n'aime pas la tarte aux cerises ! je vous l'ai dit pourtant ! si vous ne faites pas d'efforts pour moi, moi, Antigone, je n'en fait pas non plus !"
Eh oui, une petite fille de 6 ans ne fait pas ce que vous lui demandez tant que vous lui avez pas répété 5 ou 10 fois, mais il vous est interdit d'avoir oublié qu'Elle n'aime pas la tarte aux cerises ! vous vous rendez compte, elle doit au moins vous l'avoir dit 1 fois ! (et encore, rien n'est moins sur ?)
Non mais, entre les adultes et les enfants, qui doit d'abord "obéir" à l'autre ?!?

Antigone se rongeait les doigts il y a un an... probablement en ayant peur de perdre sa place de petite dernière (centre du monde) dans l'une de ses familles. Place qui pour elle avait une importance capitale. Elle a un énorme besoin d'être la première partout, besoin d'être remarquée et de briller comme le centre du monde. Perdre ce statut pour elle est probablement une épreuve très dure.

Un an plus tard, malgré beaucoup d'efforts de notre part, dans notre cellule familiale (càd pas la cellule familiale où elle a un nouveau petit frère) nous avons l'impression que son mode de défense s'est installé. Nous envisageons même certains jours faire appel à une aide extérieure dans ce domaine pour essayer de renverser la vapeur.

Aujourd'hui, Antigone étouffe, dénigre, demande des justificatifs aux adultes, ment, manipule, détruit autour d'elle, se fait passer pour la victime (et auprès de certains adultes, ça marche!), etc.

Voir un manipulateur dans son enfant n'est pas facile, ni léger.
C'est la raison pour laquelle nous examinerons pour le cas d'Antigone, les 30 caractéristiques du manipulateur relationnel dans un autre article (voir Livre d'Isabelle Nazare-Aga - Les manipulateurs sont parmi nous).

Septembre 2010
Depuis le début de cet article, nous avons parlé ouvertement de nos impressions à un psychologue. Ce n'est pas facile d'évoquer librement le terme "manipulateur" auprès des professionnels sans risquer de se faire juger.
Notre message est passé et il semblerait que nous ne serions pas dans le faux. Chez le psy, Antigone est exténuante, ne tient pas en place, se mêle de tout (et surtout de ce qui ne lui regarde pas) et s'intercale dans toutes les conversations.
Elle a besoin d'attention, ce qui est dans un premier temps traduit par "elle est en manque affectif". Première conclusion difficile à recevoir surtout lorsque tout est fait pour maintenir un équilibre cohérent entre tout les membres de la famille.

Décembre 2010
Cette année, Antigone (7 ans) à cette chance de disposer de deux professeurs en alternance. Les nouvelles du comportement d'Antigone ne sont pas réjouissantes. Elle est en pleine crise d'opposition et nargue plus que régulièrement ses professeurs. Professeurs qui avouent avoir été testées et sachant très bien que leurs faiblesses sont découvertes et utilisées contre-elles.
D'ailleurs, l'une d'entre-elle (ayant plus d'expérience) ne supporte pas la désobéissance et c'est précisément sur ce point qu'Antigone cherche la confrontation... professeur qui avoue que les escalades ne sont pas faciles à gérer.
Antigone nuit au bon déroulement des cours, dérange ses compagnons, chipe ou se sert dans le plumier des autres, fait tomber volontairement ses affaires par terre ou traine simplement pour se faire remarquer. Le "non" (je n'obéirai pas) prononcé par Antigone est régulièrement de rigueur.
Elle reste même impassible lorsque ce sont ses compagnons qui l'interpelle sur son comportement qui dérange tout le monde. 
Sans détour, Antigone est décrite textuellement comme "un manipulatrice née" par son institutrice.
Selon ses professeurs, elle "s'imagine manquer d'attention" et fait tout pour combler ce manque en accaparent l'attention des adultes, même négativement. De l'attention à tout prix, même si c'est en me faisant punir que je l'obtiens.

Ses professeurs fondent leurs jugements sur l'observation mais également sur le fait que lorsque Antigone dispose d'attention correspondant à son attitude positive elle se colle (coule) littéralement à vous. Quand elle le veux, c'est une enfant très agréable.
Cela nous évoque deux réflexions :
- Antigone se colle a un professeur pendant qu'il corrige son journal de classe : pour Antigone, le professeur n'est pas un supérieur, mais une sorte de "copine" contre qui on peut venir se coller alors qu'elle fait son travail de professeur (à savoir corriger un journal de classe). Le lien hiérarchique est simplement ignoré par l'enfant. Dans une école primaire, les enfants sont censés garder un minimum de "distance" par rapport à leur professeurs.
- Antigone se colle à un prof de primaire comme si elle n'avait pas su passer le cap de la maternelle ou les froebeliennes (maternelles) se substituent un peu à la maman durant les heures de scolaires... Normalement, une fois en primaire, les institutrices essayent de s'éloigner de ce lien afin de laisser grandir les enfants. Pourquoi Antigone ne sait t'elle pas se tenir à des relations hiérarchiques avec ses institutrices ?

Elle ne manque pourtant ni de notre attention, ni de l'attention de ses professeurs.
Je relaterais également ces deux petites histoires récentes:
1) Antigone qui montre ses fesses à qui le veux... histoire de se faire remarquer (ce qui arriva bien entendu).
2) Antigone écartée de la classe et isolée dans le couloir. Un professeur donnant cours trois classes plus loin vient interpeller l'institutrice car Antigone hurle dans le couloir à qui veut l'entendre qu'elle à mal à ses nènès (tétons)... elle n'a que 7 ans. Antigone perturbe même plusieurs classes.
En cette fin de réunion des parents, nous nous mettons d'accords avec les professeurs pour qu'ils contactent la psychologue.

Voir la suite dans : notre vision d'Antigone 2